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IDEAL Indépendance Démocratie Et Action Laïque
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IDEAL Indépendance Démocratie Et Action Laïque
3 décembre 2012

Extrait de « L’horreur étatique » L’EDUCATION NATIONALE A-T-ELLE UN AVENIR ?

L’éducation nationale est un ministère particulier. Il est géré depuis longtemps par sa technostructure (Ce qu’un ministre, Claude Allègre avait qualifié de mammouth). La technostructure en accord avec le syndicat majoritaire, la FSU, définit les programmes, nomme et organise les enseignants, et choisit les emplois du temps. Elle exige du ministre, généralement enseignant lui-même, qu’il se débrouille pour augmenter son budget et les effectifs, s’il n’y arrive pas, il est sacrifié. C’est un ministre fusible.

Instruire est la mission. Elle ne semble plus être la priorité. « Transmettre suppose toujours une action « d’imposition » de la génération adulte à celle qui va lui succéder. Or nous (l’enseignement officiel) voudrions que les enfants apprennent par eux-mêmes, comme des individus autonomes » (Marcel Gauchet). Ce crédo des pédagogistes de la technostructure qui n’ont plus la volonté de transmettre a abouti à « Nos enfant ne savent plus lire, ni penser. Le constat est terrible, et ses causes moins obscures qu’on ne veut bien le dire. Un enchaînement de bonnes intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en une trentaine d’année ce qui fut l’un des meilleurs systèmes éducatifs du monde » (Jean Paul Brighelli, La fabrique du crétin).

Tout individu normalement constitué sait que la condition première pour transmettre l’instruction est la discipline. Elle est devenue impossible dans un nombre croissant d’établissements où la barbarie s’est progressivement installée. La technostructure n’en fera jamais une priorité alors que les enseignants engagés au front envoient des SOS à leur hiérarchie, écrivent des livres et des articles par centaine sur le sujet. Rien n’y fait. Il n’est pas malhonnête de considérer que la technostructure et le syndicat ont organisé la destruction de l’école publique. Placés dans l’impossibilité de transmettre le savoir pour lequel ils étaient formés et payés, les enseignants, en particulier les jeunes, seuls, humiliés, leur fonction dévalorisée, se sont en masse démobilisés. En 2006, François Bégaudeau, jeune professeur de lettres dans un collège du dix-neuvième arrondissement de Paris publie « Entre les murs » un livre autobiographique qui sera un succès cinématographique et qui commence par le paragraphe suivant : «  Trois jours avant, j’ai décacheté l’enveloppe d’un index fébrile. Première feuille à peine parcourue, je suis passé à une seconde, noircie par un tableau rectangulaire divisé en une cinquantaine de cases. Les colonnes des lundi, mardi, mercredi, et jeudi étaient variablement remplies, et vierge celle du vendredi comme j’en avais fait la demande. Sur le calendrier professionnel joint aux deux feuilles, j’ai compté trente-trois semaines travaillées, qui, multipliées par quatre en soustrayant les dates fériées puis ajoutant une estimation de convocations annexes, produisaient le nombre de jours de présence. Cent trente six. »

Voilà comment un professeur, en début de carrière, ouvre son année de travail, comme un conscrit au temps du service militaire. Il faut reconnaître que la plus grande préoccupation des enseignants des établissements difficiles est celle relative à l’emploi du temps et leur parcours professionnel est balisé par cette recherche. Une grande partie des enseignants, pour ne pas dire la majorité, est totalement démotivée. La revendication de « plus de moyens » pour l’école constitue l’exutoire à leur abandon par l’Etat. Le taux d’absentéisme est très élevé. Les instituteurs, par exemple, prennent deux fois plus d’arrêts maladie que dans le privé (Cabinet Roland Berger).

Un abandon de la volonté d’instruire, un contexte dégradé de la transmission de l’instruction, un corps  d’enseignants démotivé, n’est-il pas légitime de se demander ce que cette immense structure apporte à la nation.  Finalement, l’école ne transforme pas l’enfant mais le laisse tel qu’il est comme le dit si bien Claude Thélot, ancien directeur de l’évaluation et de la prospective à l’éducation nationale « L’école reflète le territoire, le territoire est très inégalitaire, et cela s’est accru depuis quinze ans » …c’est pour cela que … « les écoles en ZEP n’ont pas vu leur retard s’aggraver »

L’école ne corrige pas les inégalités, elle les accentue. Les résultats scolaires sont essentiellement le fruit des familles et des élèves, le système de l’éducation nationale n’a aucune efficacité contre le déterminisme social.

 

Pourtant, notre système éducatif nous coûte toujours plus cher alors que le nombre d’élèves et les résultats diminuent. La dépense totale pour l’éducation en 2008 est de 129.4 milliards d’euro, en  2009 elle atteint 132,1 milliards d’euros pour un million d’agents environ soit 7.2 % du PIB (6.5 % en 1975). Entre 1975 et 1999, le coût de l’élève du primaire est passé de 2 150 à 4 000 € et à 5 570 € en 2009,  pour le secondaire de 4 500 à 7 500 € et autour de 10 000 € suivant les filières en 2007 (source ministère). Le rapport enseignant/élève est dans les plus hauts au monde, (vingt élèves par enseignant dans le primaire, et quinze élèves dans le secondaire en moyenne), c’est le budget et l’effectif de la fonction publique le plus important de la nation. En 2000, Il y a 22 % d’enseignants de plus qu’en 1986 et plus de 20 000 enseignants ne rencontre jamais d’élève (chiffre constant depuis plusieurs années). Certaines matières ont des programmes pour spécialistes et sans aucune raison pour la formation classique.

Les résultats, quels sont-ils ?  « En début de sixième, 15 % des élèves sont en grande difficulté, 3 % ont des lacunes quasi générales dans tous les domaines de la lecture, 5 à 6 % peuvent être dans une situation débouchant sur l’illettrisme » Luc Ferry, Ministre de l’Education Nationale (2002-2005). L’enquête Pisa 2009, menée par l’O.C.D.E. auprès des systèmes éducatifs de soixante cinq pays, montre année après année la dégringolade du système français. Un nombre d’élèves en difficulté en forte progression, l’impossibilité pour les enfants d’ouvriers de prétendre à un changement de statut social. Une note qui dépasse à peine la moyenne des pays étudiés.

Augmenter le budget c'est-à-dire accroître les dépenses comme le demandent le syndicat des enseignants n’améliorerait en aucune façon les résultats, c’est l’outil qu’il faut réformer.  L’éducation étant une activité de services, sa qualité passe par l’éducateur. Son personnel enseignant est donc déterminant. Les enseignants de la troisième république (les hussards noirs), ceux qui ont donné ses lettres de noblesse à l’école publique, étaient en général d’excellents professionnels mais ils possédaient en plus la passion de leur mission : faire réussir leurs élèves, ce qu’ils partageaient avec le peuple qui leur faisait entière confiance. L’engagement dans leur métier était total. Il en existe encore un très grand nombre dans l’éducation nationale, ce sont ceux-là qu’il faut valoriser. En général, aujourd’hui, ils sont mis sur la touche par le système. Ils dérangent ce mélange de pathos revendicatif et de normes administratives, que constituent le ministère de l’Education Nationale, ils dérangent parce que leurs exigences sont les mêmes vis-à-vis des élèves que de leurs employeurs, mais, ils dérangent aussi certains de leurs collègues pour lesquels le métier d’enseignant constitue au mieux une activité à mi-temps.  

L’école est un outil qui a été bâti pour instruire le peuple, tout le peuple, c’est cela qui justifie les efforts de la nation et rien d’autre.

Au sein de nos assemblées élues, les professionnels de l’éducation constituent le groupe le plus puissant. Il ne semble pas que leur présence en nombre ait eu quelques influences positives sur les résultats de leur ministère d’origine. Comme quoi du nombre nait pas forcément la qualité, à méditer dans les classes !!

 

 

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